Ce lundi, l'Europe repart à l'assaut de Mars.Après un essai avorté en 2003, l'Agence spatiale européenne se lance ce 14 mars dans une nouvelle aventure martienne. Le but utlime : trouver des indices de formes de vie actuelle ou passée. La mission est baptisée ExoMars et consiste dans un premier temps à tester d'une part la capacité européenne à faire atterrir un engin sur la planète rouge et d'autre part à "renifler" certains gaz de l'atmosphère. C'est une fusée russe Proton qui a la responsabilité d'expédier dans l'espace ExoMars 2016 composée d'une sonde capable de détecter des gaz à l'état de trace, baptisée TGO (Trace Gaz Orbiter), et d'un atterrisseur test nommé Schiaparelli. Le lancement aura lieu ce lundi à 10 heures 30 (heure de Bruxelles) depuis le cosmodrome de Baïkonour, situé dans les steppes du Kazakhstan. Sur place, tout est déjà prêt.
Si tout va bien, après un voyage de sept mois et un trajet de 496 millions de kilomètres, l'atterrisseur se séparera de la sonde le 16 octobre pour se poser sur la planète rouge trois jours plus tard. Un atterissage à haut risque, où chaque étape marque peut-être la fin prématurée du voyage, comme le montre cette infographie.
Le centre de contrôle de l'opération ExoMars se trouve en Allemagne à Darmstadt. Et là aussi, tout est prêt :
Derrière leur bulle de verre, les ingénieurs du centre de contrôle de Darmstadt sont prêts. On n'entend que des murmures. Il faut garder la tête froide, dit Michel Denis, le flight directior.
Le lancement depuis Baikonour, c'est maintenant.
Un peu nuageux, mais pas de vent. Le vent est ce qui risque de pertuber le lancement. Tous les signaux sont au vert.
La fusée Proton a quitté le sol. Arrivée du lander sur Mars en octobre.
ExoMars a quitté le sol avec succès. Déclaration officielle à Darmstadt. Applaudissement général au centre de ontrôle. Mais le moment le plus excitant, ce sera tantôt, dit Michel Denis flight director, lorsque le satellite enverra le premier signal radio : pour dire " Je suis bien en route pour Mars". Ce sera ce soir à 22 heures 30.
A l'intérieur de la "main room" du centre de contrôle de Darmstadt, en Allemagne, contrairement à ce qu'on pourrait penser, les gens ne courrent pas dans tous les sens. Au contraire, c'est le silence total, et ils sont protégés du bruit ambiant par une vitre épaisse. Et devant la porte, il y a un garde du corps pour chasser les importuns ! Entre eux, les différents ingénieurs ont plutôt tendance à chuchoter qu'à crier d'excitation ou de stress. Ce n'est pas toujours une quesion de personnalité ! On est entraînés pour cela, assure Michel Denis, le "flight director" d'ExoMars.
Dans la pièce, les rangées de sièges et d'ordinateurs sont organisées en fonction des missions de chacun. Tout devant : les "soldats au front", qui sont responsables de chaque sous-système du satellite, et qui commandent ceux-ci. Au milieu, les gens qui coordonnent l'ensemble et donnent l'accès au satellite à chaque personne en fonction d'une timeline bien précise, et tout au fond, les personnes qui sont en contact avec les différents stations au sol qui vont suivre le satellite. Car un satellite n'est rien sans segment au sol. Le contrôle continuera pendant des mois car il va falloir jouer avec les moteurs du satellite pour l'envoyer au bon endroit sur Mars. L'arrivée, c'est le 19 octobre.
Le décollage d'#ExoMars depuis Baikonour. Un décollage réussi ! Le prochain moment intense, ce sera à 22 heures 30, lorsque le satellite enverra son premier signal.
La mission ExoMars a pour premier objectif de détecter des traces de vie sur Mars. Elle cherche notamment des traces de gaz méthane qui est associé à l'activité biologique (bovins, rizières...) Et c'est la Belgique qui a conçu l'instrument qui doit rechercher ce méthane. L'institut d'aéronomie spatiale a travaillé entre autres avec la société Lambda X à Nivelles.
Daniil Rodionov, ExoMars project Scientist, explique que son instrument présent sur la sonde, Frend va réaliser des cartes de l'hydrogène présent dans l'atmosphère de Mars et aussi étudier les radiations sur la planète rouge. Les radiations font partie des grands problèmes qui restent à régler avant d'envoyer des missions humaines sur place. Ces radiations peuvent accroître les risques de cancer pour les astronautes, qui devront rester au moins un an sur place.
Frend doit aussi traquer la présence d'eau glacée près de la surface.
"S'il y a du gaz méthane sur Mars, avec ExoMars, on a les capacités de le trouver". dit Gabriele Cremonese, un astronome italien qui travaille sur l'instrument Cassis.
"Cassis, c'est la meilleur caméra en couleur qui a jamais volé sur Mars, assure sa collègue Ruth Ziethe, responsable du projet. Avec deux couleurs (bleu et rouge), et en passant avec le satellite deux fois sur le même endroit, avec ces deux images on peut construire une image en 3D de Mars. Et vous pouvez mettre la caméra dans toutes les positions. Pas vraiment votre bête caméra ordinaire".
Le lander Schiaparelli sera "emballé" dans un gros bouclier conçu pour protéger l'engin de la chaleur durant l'entrée dans l'atmosphère martienne. "Ce bouclier, c'est une vraie oeuvre d'art" estime l'ingénieur Olivier Bayle. La descente après la séparation d'avec le satellite se fait à deux fois la vitesse du son. L'équipe a dû aussi tester le parachute qui ralentit la descente, et "ce n'était pas du gâteau." Il a ainsi fallu trouver un laboratoire assez grand pour pouvoir déployer complètement le parachute.
Schiaparelli atterira pendant la saison des tempêtes de poussière sur Mars. "Scientifiquement, ça sera très intéressant - les scientifiques veulent justement en savoir plus là-dessus - et en plus ça n'a jamais été fait", dit l'ingénieur de l'ESA Olivier Bayle.
Désormais, la séparation du satellite de la fusée a eu lieu. C'était la dernière étape avant qu'ExoMars fasse son premier bonjour au centre de contrôle de Darmstadt. Pour le responsable de la salle de vol, Michel Denis, c'est le moment le plus émouvant. Le résultat de 10 ans de travail. "Moi, dit-il, avec tout les magnifiques images que je reçois de là-bas, c'est comme si je m'y trouvais déjà." On attend le signal pour 22 h 29.
Pour rappel, l'un des objectifs de la mission est de trouver de la vie actuelle sur Mars. Quelle forme de vie ? Voici comment la décrit Jorge Vago, chef scientifique d'ExoMars : Des petits hommes verts ? Vraiment pas. “Ce seraient des micro-organismes, c’est-à-dire des microbes, des bactéries, nous précise Jorge Vago, chef scientifique de la mission. Cette vie actuelle serait des micro-organismes, par exemple des bactéries productrices de méthane, qui peuvent vivre sans lumière du soleil et transforment (“mangent”) des métaux ou des minéraux”. Ces organismes se trouveraient à des kilomètres sous la surface. Impossible d’aller creuser si loin. Il faut donc des indices indirects, comme le méthane.
On vient de recevoir la première télémétrie. Nous allons vers Mars, dit Michel Denis.
Même si d'habitude, dans le centre de contrôle, c'est le "cool" qui prévaut. Mais là, les ingénieurs applaudissent, et se serrent dans les bras. Michel Denis affiche un grand souris : "go, go to Mars"
C'est sous la forme de trois pics verts sur un écran d'ordinateur (la télémétrie) que l'ensemble de la communauté de l'ESA, chercheurs, officiels, et journalistes ont découvert le premier message de ExoMars
La nouvelle étape, marquez là dans votre calendrier : le 19 octobre, pour l'atterrissage sur Mars
C'est la fin de ce live. Vous pouvez retrouver le reportage de La Libre au centre de contrôle de Darmstadt dans la version papier de La Libre Belgique datée de ce mardi 15 mars, ainsi que des interviews des chefs des missions robotiques et habitées de l'ESA (Agence spatiale européenne). Question : pourquoi envoyer des robots et des hommes sur Mars ?